Pas question ici de faire un cours magistral un peu pompeux sur l’anxiété. On va faire ça le plus simple et le plus court possible. Et pourtant rien qu’en écrivant ces mots, je sens qu’elle monte en moi, cette p***n d’anxiété. Et si. Et si je n’étais pas claire? Et si j’oubliais quelque chose? Et si j’écrivais une bêtise et que ça déclenchait un tremblement de terre au Japon à cause de l’effet papillon? Bon, on respire un grand coup et on se lance.
Une émotion normale
Si si, être anxieux c’est normal. Toutes les émotions sont normales. Je répète: toutes les émotions sont normales, vous êtes un être humain pas une machine. J’aime bien dire qu’il n’y a pas d’émotions négatives ou positives. Il y a des expériences individuelles confortables et d’autres inconfortables (et d’autres neutres).Certaines personnes se sentent très mal dans des émotions dites joyeuses par exemple. L’anxiété est ce qu’on appelle une émotion secondaire. Les émotions primaires sont au nombre de six: peur, joie, dégoût, tristesse, colère, surprise (certains rajoutent le mépris). Ces émotions de base sont innées et universelles, on les retrouve dans toutes les cultures. Les émotions secondaires sont comme des combinaisons ou des expressions plus nuancées des émotions primaires, elles sont donc plus complexes et sont, elles, apprises. Parmi ces émotions complexes on retrouve notre fameuse anxiété, émotion fabriquée à partir de la peur. Le mot anxiété dérive du mot latin anxietas qui signifie « vive inquiétude ». L’anxiété est utile dans certaines situations. Elle est un indicateur de danger ou d’un risque et ça c’est plutôt pas mal quand la menace est réelle. Par contre, quand la menace n’est pas présente ici et maintenant mais imaginée (scénario Armageddon) ou qu’elle est mal analysée (scénario tarentule géante sur le plafond de la cuisine alors qu’en vrai il s’agit d’un bébé araignée de deux millimètres) alors être anxieux peut être délétère surtout si l’anxiété augmente en durée et/ou en fréquence et/ou en amplitude. En psychologie on parle alors de troubles anxieux qui recouvrent l’anxiété généralisée, le trouble panique, les phobies spécifiques, l’agoraphobie, le trouble d’anxiété sociale et le trouble d’anxiété de séparation. On retrouve aussi l’anxiété dans des tas d’autres troubles (TOC, TCA, dépression, troubles somatoformes, trouble de la personnalité borderline, etc.).
Un esprit préoccupé
En gros, on peut donc définir deux types de pensées (cognitions) qui peuvent déclencher de l’anxiété (émotion): les préoccupations de type 1 et celles de type 2. Les préocuppations de type 1 sont celles qui correspondent à des évènements qui sont actuels, en cours. Dans le langage courant on appelle ça un problème. Par exemple, des soucis financiers: c’est la fin du mois, je suis dans le rouge et j’ai encore des factures à payer ou des courses de première nécessité à acheter. La version type 2 de ce problème serait d’imaginer qu’un jour je puisse avoir des problèmes d’argent alors qu’aujourd’hui, je n’en ai pas. Les préoccupations de type 2 correspondent donc à des projections pessimistes ou négatives dans le futur. Aujourd’hui, tout va bien (ou en tout cas on gère). La première pensée en elle-même, surtout dans le type 1, n’est pas problématique en soi. Elle peut déclencher une anxiété tout à fait normale qui va nous amener à adopter un certain comportement pour se débarrasser de l’inconfort provoqué par l’anxiété. Dit autrement on va mettre en place, souvent inconsciemment, des stratégies dont le but va être la diminution voire la disparation de l’émotion désagréable. Et c’est là que le bât blesse. Si quelques stratégies sont efficaces, beaucoup sont carrément mauvaises. Souvent elles fonctionnent sur le moment mais ont tendance à échouer à long terme. Le problème n’est pas réellement résolu à sa source et risque de réapparaître en créant de plus en plus d’inquiétude et nous entraînant dans le cercle vicieux du trouble anxieux. Concernant les préoccupations de type 2, là aussi des stratégies sont mises en place qui consistent surtout à éviter que ce qui nous fait peur arrive un jour. Nous reviendrons plus en détails dans le post suivant sur toutes ces stratégies. Pour l’instant, sortez un cahier et un stylo.
Identifier ses préoccupations
En thérapie, l’une des choses les plus importantes est la prise de conscience de ses propres fonctionnements. Pour ça, pas d’autre choix que de passer un peu de temps à s’observer. C’est un exercice qui n’est pas facile et c’est pourquoi se faire accompagner par un professionnel est utile. Néanmoins, il est possible, avec de la motivation, de faire ce travail seul. Une méthode consiste en tenir un journal de ses préoccupations. Une, deux ou trois fois par jour (on peut utiliser un timer), l’idée est de faire le point sur son anxiété et de déterminer: son intensité (on peut utiliser une échelle de 0 à 10), son contexte (à quel moment, pendant quelle tâche) et la pensée associée en analysant so genre (type 1 ou 2). Si vous ressentez de l’anxiété sans réussir à trouver une pensée qui l’aurait déclenchée, notez-le quand même. En faisant cet exercice quotidiennement pendant au moins deux semaines, vous verrez problablement se dessiner des schémas répétitifs qui serviront comme base de travail pour la suite.
Rendez-vous dans le prochain article pour en apprendre plus sur l’anxiété problématique et les méthodes pour s’en débarrasser!
Emilie